I just want to make you happy

Il est tard, vraiment tard lorsque je consulte ma montre, je n’ai pas bougé du bureau aujourd’hui et pour cause, nous travaillons d’arrache-pied avec mon équipe sur le nouveau projet de film d’animation et quoiqu’on en dise les dessins animés ne tombent pas du ciel. Décroché ce boulot pour l’entreprise Disney a été une opportunité à saisir en or. Je suis très heureuse de pouvoir enfin réaliser mon rêve mais ma vie de famille n’est plus la même. Je passe beaucoup moins de temps avec mes enfants et mon mari. Je suis peut-être trop égoïste je ne sais pas mais j’ai besoin de m’accomplir professionnellement parlant. J’ai passé beaucoup de temps à être une mère, une copine, une épouse mais maintenant je veux être une femme. Seulement j’ai bien l’impression que cet égoïsme est en train de pousser notre couple à bout. Il est difficile pour un homme comme Niko de trouver sa place dans un monde où l’on a l’impression de n’être rien. J’ai beau essayé de rassurer Niko ce n’est vraiment pas simple. J’enfile mon manteau et j’attrape mes clés de voiture avant de rentrer chez moi. Les enfants doivent être couchés encore une journée sans voir ma famille. Je ne sais pas vraiment si c’est la vie que j’aurai voulu avoir mais en tout cas c’est celle que j’ai en ce moment. Lorsque je rentre chez moi il n’y a pas un bruit, Jess et Karma doivent dormir ainsi que Noah et les jumeaux. Il y’a sur la table du salon un petit mot avec une assiette. Je culpabilise vraiment je sais que je ne devrais pas mais je me sens mal. Je retrouve Niko allongé sur le canapé, une canette de bière dans la main en train de dormir. Je m’approche de lui et prends la canette pour ne pas qu’elle tombe. Il a l’air épuisé par la vie, par tout. Ma main vient caresser son visage sombre. « Je suis désolée » Murmurais-je , je suis tellement désolée qu’il ne soit pas heureux.

Le bonheur est quelque chose de totalement subjectif, on le cherche, on court après parfois on pense l’avoir trouvé et on réalise que non. Je ne sais pas si dans ma vie j’ai été totalement et complétement heureuse mais j’ai essayé de l’être et ça vraiment pendant longtemps. Aujourd’hui je pensais avoir réussi à trouver un équilibre, je pensais être stable alors que tout est plutôt bancale. Parfois dans la vie il faut faire des choix. Parfois difficiles, parfois déchirant mais il faut faire des choix. Les miens consistent à trouver le bonheur et l’équilibre dont je manque cruellement. Mon mari à l’air d’être épuisé, il ne m’a jamais dit qu’il était véritablement malheureux mais il ne m’a pas dit non plus qu’il était heureux. Nous avons traversé beaucoup d’épreuves lui et moi, notre couple est solide mais peut-être pas autant que je le pense. « Oui ça va, nous travaillons beaucoup pour pouvoir proposer une ébauche dans quelques semaines » J’ai beaucoup de pression. On dit souvent que la pression permet d’augmenter les résultats mais pour moi la pression reste de la pression et je n’aime pas ça du tout. Je dois travailler avec le stresse de l’échec et ça fait peur. Niko s’exclame qu’il a oublié la machine. Comme si sa vie en dépendant je réalise alors qu’au final tout ça c’est sa vie. « Laisse je vais m’en occuper » Dis-je en prenant le linge des filles des mains de Niko. Je sors du placard la lessive liquide qui dépanne. Nous ne pouvons pas lancer une lessive à cette heure. « Tu n’es pas une merde tu sais » Dis-je en commençant à frotter le linge. J’aimerai pouvoir lui dire que je suis désolée mais ça serait débile de ma part. « Dis-moi tu avais un rêve ? avant que l’on se rencontre.» j'espère ne pas avoir brisé ses rêves.

Je suis certaine que Niko avait un rêve, après tout qui n’a pas de rêve. Il peut dire ce qu’il veut ce n’est pas vraiment le genre de vie qu’il aurait voulu avoir. Une famille ne fait pas tout. J’aime ma famille plus que tout, je suis ravie d’être aussi accomplie en tant que femme mais il me manquait l’accomplissent personnel. On le trouve avec la satisfaction de faire un boulot que l’on aime. « J’ai l’impression que c’est tellement loin tout ça » C’est vrai j’ai l’impression que c’est si loin le temps où il dormait dans sa voiture, le temps où il était un camé impliqué dans des histoires louches. Au contrairement maintenant il est père de famille, sa vie se résume à sa famille et au final j’ai vraiment l’impression que ça ne le rend pas aussi heureux qu’il le dit. « Je n’ai pas envie que tu sois enfermé dans une vie ou tu n’es pas heureux. Je ne veux pas que tu réalises trop tard que tu as loupé ta chance. » Dis-je tristement. Je ne veux surtout pas qu’il réalise dans quelques années qu’il a loupé l’occasion d’être heureux. Ce qui compte le plus pour moi c’est le bonheur de toutes les personnes que j’aime et au final me rendre compte que Niko n’est pas totalement accompli et heureux ça me fait me remettre sacré en question. Mais comme d’habitude lorsqu’on évoque des sujets sérieux il cherche à changer de sujet. « hum oui aujourd’hui plusieurs fois même » Dis-je en rigolant, je sais qu’il va péter un câble lorsqu’il va entendre ça car je connais des hommes jaloux mais lui il est vraiment très jaloux. Et j’avoue que j’adore ça.

Il me dit qu’il n’est pas malheureux mais est-il heureux pour autant ? Il y’a une différence entre ne pas être malheureux et être heureux. Je ne suis pas certaine que ce soit la vie qu’il aurait voulu avoir au contraire. Je ne peux m’empêcher de culpabiliser quant à la vie que j’impose à Niko. « Tu n’es pas malheureux mais est-ce que pour autant tu es heureux ? » C’est une question qu’au final je n’ai même pas envie de connaitre car cela voudra dire que oui je suis égoïste et je pense à mon propre bonheur avant celui des autres. Afin de rigoler et de détendre l’atmosphère je dis à Niko que on matte mes fesses assez souvent, il faut dire qu’il a commencé donc c’est normal que je continue surtout que ça me fait rire. Et sa réaction est totalement ce que je pensais. Oui il commence à péter un câble. Je n’en attendais pas moins de lui. Sa réaction est celle d’un mari jaloux et ça me fait sourire. Il exagère. Il exagère vraiment souvent. « Déjà ? » Moi ça me fait rire qu’il soit toujours aussi susceptible. Surtout qu’en plus je rigole et je pense qu’il doit le savoir. Ou peut-être pas dans le fond. « Bien sûr avec plaisir » Dis-je avec un grand sourire pour les poubelles. Je sors en levant les yeux au ciel avant de vider les poubelles comme demandé. Ensuite je vais prendre une douche rapide puis j’enfile ma chemise de nuit. Je me glisse alors dans le lit contre Niko, j’ai faim car je n’ai pas mangé mais être contre mon mari vaut beaucoup mieux que manger, même si j’avoue que j’ai quand même faim. « Pchiiiit tu dors ? » Dis-je à Niko. Il n’y a pas de lumière, je l’entend respirer mais je ne pense pas qu’il dorme encore. Du moins je l’espère pas.